Désinvolture

Passablement tracassé de mon impéritie qui m’avait valu de mettre sur le divan un patient qu’il eût été plus avisé de garder en face à face, je fus sidéré de la réponse de ma contrôleuse : « Laissez. Vous verrez bien s’il déclenche… » Quoi ?! Du cynisme ?! Était-ce Dieu possible ? Pour le moins, de la désinvolture ! Le signifiant murmuré dans mon for intérieur fit mouche. C’était bien, à la vérité, l’attitude de détachement qui m’était indiquée pour convenir à l’acte analytique et non plus me conformer à l’idéal moralisateur du bon soignant. Une grande liberté de mouvement dans le maniement du transfert en résulta qui me devint habitus, dépris de démesure pour ce qui me concerne, il est vrai.

Réginald Blanchet

 

Je parlais en contrôle d’une jeune patiente que je suivais depuis quelques années. Clinicienne, elle poursuivait ses études post universitaires. Elle pratiquait à ses heures un art où sa libido était investie. Elle avait du talent et commençait à être reconnue. Je disais à ma contrôleuse mon souci de la voir se tenir encore loin de l’orientation lacanienne et du Collège Clinique d’Athènes que je coordonnais. Je ne voulais pas la « perdre ».

« Pas de prosélytisme ! » me lança ma contrôleuse. « Elle a déjà son art. Elle saura bien frapper à la porte de la Section Clinique le moment venu ». Soulagée, je partis légère. Libérée d’un idéal qui s’était fait surmoi dans la cure et avait pris les couleurs de la demande que j’adressais à l’analysante, j’ai pu ajuster mon désir d’analyste et laisser au sujet le temps nécessaire à l’engagement de son propre désir.

Nassia Linardou

 
 

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